Un rêve troublant ~ Jake

C'était un jour de pluie. Comme bien souvent à Forks. Le soleil était chose rare. C'était un avantage puisque j'étais vampire. Grâce à la pluie, nul besoin de se cacher. La météo ne m'attristait plus maintenant que je n'étais plus ni maladroite ni sensible au froid. Pourtant, je ne pouvais m'empêcher de penser qu'un peu de soleil aurait rendu la situation moins tendue. Si le temps avait été un peu plus clair, nous aurions certainement été moins sur les nerfs. Il faut supposer que cette idée s'était imposée à moi comme une réminiscence de ma vie humaine. Enfin le fait est que nous étions tous sur les nerfs depuis qu'Alice et Jasper étaient revenus de Volterra. Nous ne savions rien de ce qu'il s'était passé. Alice et Jasper nous avaient rapporté des images effrayantes. Depuis leur retour, nous étions tous effrayés. Comment lutter contre quelque chose que l'on ne connait pas ? Carlisle avait émis l'hypothèse de l'existence des chasseurs de vampire. Tout correspondait. Sauf les marques de griffures décrites par Alice.
Edward était certainement le plus terrifié de nous tous. Il savait ce que chacun, à part moi, pensait. Il baignait dans les doutes et les angoisses qui noyaient les membres de ma famille. Sans oublier nos amis...

Enfin ce n'était pas le pire. Nous étions une famille de huit vampires, soutenue par deux meutes de modificateurs dont l'une était conduite par mon meilleur ami imprégné de ma fille — ce fait me rendait complètement dingue et me rappelait le jour où j'avais appris son imprégnation —, ainsi que par un nombre considérable de vampires. Nous n'étions pas seuls. Simplement, nous craignions pour la vie des nôtres. Si Edward et Nessie étaient les plus importants à mes yeux, je ne pouvais concevoir la suite sans les autres Cullen et sans Jake, Seth et Leah — malgré son animosité envers moi. Le pire dans tout cela, c'était le rêve de Jacob. Il était venu me trouver la veille, alors qu'Edward était parti chasser avec ses frères, pour me raconter un rêve troublant. Au départ, je ne le pris pas vraiment au sérieux. Tout le monde avait peur, surtout pour Renesmée. Elle était tellement petite et fragile ! Si j'avais pu encore dormir, j'aurais moi aussi cauchemardé plus que de raison. La seule idée que ma fille puisse courir un danger quelconque me rendait folle. Je ne pouvais rien faire pour la protéger si ce n'était attendre. Pourtant, lorsque Jake précisa son rêve, je commençai à prendre peur. Il avait vu l'enlèvement de Nessie. Cela pouvait encore passer. J'avoue que j'étais folle d'inquiétude lorsque mon regard quittait ma fille la moindre seconde. Cependant, ce n'était pas de nature à m'inquiéter plus qu'autre chose. Après tout, ce n'était rien d'autre qu'un rêve ! Une silhouette enlevait ma fille dans son rêve. La peur de l'inconnu sans aucun doute. Mais un détail me heurta de plein fouet. Jake était tellement angoissé qu'il m'avait décrit parfaitement un bâtiment d'Italie. Le moindre détail correspondait à un édifice de Volterra. Jacob dut lire la peur sur mes traits lorsque je fis le rapprochement entre son rêve et la ville italienne. Immédiatement, sans même lui expliquer quoi que ce soit, je courus rejoindre mes soeurs et mes beaux-parents. Je trouvais Carlisle et lui expliquait à toute vitesse la situation, Jake pendu à mes basques qui n'avait pas l'air de comprendre quoique ce soit. Peut-être s'attendait-il à ce que je le rassure. Une chose est sûre, il n'imaginait pas que je réagirais aussi vivement.

Carlisle comprit l'urgence de la situation. Il voulut au départ attendre le retour d'Edward. Pour ma part, j'étais trop effrayée pour attendre. Finalement, Jacob et moi furent les seuls à partir, Alice ayant passé plus d'une heure à se concentrer sur l'avenir pour vérifier qu'il n'y avait pas de risques pour nous. Nous quittâmes Forks dès le lendemain. Renesmée serait sous bonne garde avec les Cullen ainsi qu'avec Seth et Leah. Mais il fallait que j'en ai le cœur net. Les prémonitions ne comptaient pas parmi les talents des modificateurs, mais la coïncidence était trop grande. Je pris le volant à l'aller jusqu'à l'aéroport, dans la voiture discrète mais rapide de Carlisle. Nous prîmes un premier avion dans un silence pesant jusqu'à Los Angeles, puis nous montâmes dans un second avion en direction de Florence. L'engin me semblait aller à une allure d'escargot, mais comme me l'avait dit Alice, c'était tout de même plus rapide que courir.
Lorsqu'enfin nous arrivâmes en Italie, la tension était palpable. Je remerciais mentalement Alice de m'avoir poussée à me vêtir d'un jean et d'un col roulé à manches longues. Florence est une ville ensoleillée... Tout comme Volterra. Avant que nous ne quittions le terminal, je regarde jacob droit dans les yeux.

- Tu es vraiment sûr de ce que tu as vu ?

C'était une question stupide. Si mon ami était capable de réaction idiotes, il n'aurait jamais inventé une histoire pareille. J'avais simplement l'espoir qu'il changerait d'idée sur un détail du bâtiment...

Chez nous indiens, Quileutes ou pas, les rêves font parti intégrante de notre culture. L'imatérialité est un de nos domaines. Nos Dieux, nos ancètres, nos rêves, nos légendes. Toutes ces choses auquelles je n'ai jamais cru! Pouah! Comment peut on croire à un Dieu ou même à plusieurs dieux qui pourraient veiller chacun sur quelque chose quand on voit la vie de certaine personne! Mon père par exemple. Un de nos dieu l'a mit dans un fauteuil roulant. Vous trouvez ça juste? N'importe quoi. En même temps, je suis pas là pour parler de dieux ou de religion. Je veux pas me bastonner avec les religieux moi! J'ai rien contre eux, ils font ce qu'ils veulent. Puis, j'ai beau dire mais maintenant, je suis bien obligé de croire à nos vieilles légendes quileutes. J'en suis une preuve vivante alors... Tout ce hors sujet pour dire que je n'avais pas pour habitude de croire au passé que me léguait mon père alors qu'en fait j'en fais parti. Et aussi pour dire que j'ai fait un rêve très inquiétant alors qu'avant je n'y prettais pas attention. Un rêve c'est qu'un truc pour téclater quand tu dors. C'est comme une sorte d'avatar sur une console de jeu sauf que tu contrôle pas forcemment la chose.

Dans ce rêve, je n'étais pas présent, juste spectateur. Rien de plus flippant. Je pouvais voir mais pas agir. Bon, je sais que s'était un rêve mais quand on est dedans bein on sait pas que c'en est un alors Zut! Je voyais une sorte de grand batiment dans une rue étroite comme le cerveau de ce crétin de Paul (je dis ce que je veux c'est MON rêve). S'était un batîment en pierre entourré de maisons. Sauf que ce batiment ressortait des autres. Ses briques étaient plus blanches et pales. Il faisait super claire mais l'ambiance était morbide... J'aime pas le morbide... Il y avait aussi des drapeaux qui flottaient ça et là, bercé par le vent. L'ambiance en fait était morbide mais pas que... Il y avait quand même quelque chose d'appaisant là dedans. Mouais, bein j'avais pas encore vu la suite... Mes yeux se rivèrent sur une personne que je connaissais bien. Même très bien. Comment ne pas reconnaître ses jolis cheveux noirs longs et lisses (comme l'étaient les miens à l'époque tiens...) et son minois. Nessie se tenait devant moi mais elle ne me voyait pas. Elle parraissait effrayé. Cela me mit hors de moi de ne rien pouvoir faire. Puis, une seconde silhouette apparaue des ténèbres. Certainement une silhouette féminine. Elle se rua sur Renesmée et fit que je me réveille en sursaut, transpirant et de mauvaise humeur. La totale quoi!

Mon premier réflexe fut de m'habiller rapidement et d'aller jusque chez les Cullen. Une petite insulte pour saluer Blondie, un signe de main par ci par là avant que je ne vois la famille au complet... 'Fin non. Seulement Bella et Nessie était là. Elle vint dans mes bras, heureuse et me fit par de ses sentiments tandis que Bella avait du percevoir mon coeur qui battait à 100 à l'heure. Je laissais Nessie avec Blondie à contre coeur et racontais mon rêve à Bella. Elle ne le prit qu'à la rigolade. Tu m'étonnes! Tout le monde s'inquiétait pour Nessie. Elle était si petite. Le bébé de la famille. Puis quand je me mis à décrire le batîment que j'avais vu, Bella eut une lueur de panique au fond de ses yeux. Elle me coupa comme si elle ne voulait pas en entendre d'avantage et se rua dans une autre pièce. Comme d'habitude, j'étais largué! On ne disait jamais rien au cabot, non! Je la suivis tout de même et eus la réaction que je pourrais appeller "à la Jake": Je me suis appuyé contre un mur, bras croisés, sourcils froncés, attendant que l'on me remette dans le jeu. Bella, elle, parlait à toute vitesse au Docteur. S'était que moi qui était venu lui raconter ce rêve. C'est pas comme si j'étais concerné de toute façon...

Et la décision tomba comme un cheveux sur la soupe, sans demander son avis à l'interessé. J'ai l'habitude. Pas grave... Elle me laissa tout de même dormir sur le canapé après avoir un peu grondé Nessie qui voulait rester avec son Jake pendant qu'il se reposait... Je ne ferais pas de commentaire la dessus. Bella me réveilla brutalement. Moi je boudais toujours de ne pas avoir été impliqué dans l'affaire. Je ne savais pas où j'allais aller mais j'allais y aller! Et tant pis si ça ne me plaisait pas! Au passage, j'avais donné un petit ordre à Leah et Seth afin qu'ils veillent sur Nessie...

Burk! Le trajet en voiture, Bella au volant, se passa dans le silence. Elle avait réussi à me stresser avec ses conneries! J'avais accroché ma main sur la clanche en plastique au dessus de la fenêtre, pas trop rassuré et stressé comme pas deux. Nous nous arrêtames à l'aéroport et la! Je pus comprendre que nous allions en Italie... Donc, mon batiment ne sortait pas de mon imagination et avait mi la puce à l'oreille de Bella... Bon! Enfin je savais quelque chose!

Le trajet dans le premier avion, autant que dans le deuxième étaient les pires voyages que j'avais jamais fait... En plus, s'était les premiers si loin de chez moi. Los Angeles. Florence. On est ou la?!!! Je suis un Quileute moi! Quand je m'enfuis, je vais dans les falaises et je suis seul! J'embarque pas ma meilleure amie de force dans un endroit comme ça! En plus... Elle ne m'avait pas adressé un mot... Déjà que nos rapports étaient bof depuis l'imprégnation...

Avant que nous ne sortions, Bella me fixa, me faisant m'arrêter et me sortit une question idiote.

- Tu es vraiment sur de ce que tu as vu?
- Bah... -je faillis être violent et piquant pour me venger du silence avec lequel elle m'avait torturé durant tout le trajet... Mais je me retins. Histoire de la ménager un minimum...- Oui. Je suis jamais sorti de la réserve, je n'aurais pas pu inventer tout ça.

Rien que d'être dans l'aéroport, je n'en pouvais plus. Il faisait vraiment chaud là dedans! Pire que l'Enfer! Waw! Dans des moments comme ça, on regrette d'être un radiateur ambulant. Je sentais la sueur monter et couler sur mon front. Nom d'un chien! En sortant, il ne nous restait plus qu'un petit trajet en voiture pour arriver à Volterra. J'connaissais même pas... D'ailleurs, Bella vola une voiture pour se faire. Envie de dire: "Bah Voyons!" mais elle se taisait, alors je faisais pareille...

Dehors, s'était pire. Pire de chez pire! C'est là que je le vis.



Le batiment. La rue. Les mêmes! Comment avais je pus rêver de quelque chose que je n'avais jamais vu même pas dans un livre?!! Hallucinant. Traits pour traits, briques pour briques. Tout était comme dans mon rêve... Je n'y croyais pas...

Parce que j'étais mère, j'étais incapable de parler. Je ne pensais même pas. Je me concentrais simplement pour ne pas disjoncter et assassiner de pauvres mortels. Comment Jake avait-il pu rêver chose pareille ? Je me trompais forcément. Ma mémoire me jouait des tours. C'était impossible. Mais une pensée me traversait régulièrement, pour ne pas dire en permanence. Si ce que je considérais il y a quelques ans à peine comme de simples histoires de folklore s'était avéré plus réel que jamais, pourquoi est-ce que les rêves prémonitoires ne ferait-il pas partie des attributions des modificateurs ? Après tout, il serait plus probable de rêver d'un éventuel futur que de rencontrer les trois sorcières et leurs ciseaux d'or assassins. Alice en était la preuve vivante. Elle voyait le futur. Pourquoi est-ce qu'exceptionnellement Jake ne serait-il pas autorisé à entrevoir les lignes complexes de l'avenir ? Je ne voyais aucun autre explication. C'était illogique. J'essayais du moins de m'en convaincre. C'était une simple coïncidence. Je lui avais parlé de Volterra. Peut-être lui avais-je donné des détails que sa peur pour Nessie avait transformé ? Après tout, il s'était contenté de me décrire un bâtiment. Il ne m'avait pas fait de dessin. Peut-être que je me trompais, tout simplement. Alice ne pouvait nous aider sur la question car aucune décision n'avait été prise. Voilà qui aurait du me rassurer. Mais une mère ne peut guère se satisfaire de simples suppositions quand il s'agit de la sécurité de son enfant. Jacob et Nessie étaient liés en quelque sorte, comme Jake et moi l'avions été. Peut-être que ce lien avait provoqué cette vision... ce rêve ?
Il n'avait pas inventé tout cela, j'en étais certaine. J'aurai pourtant préféré qu'il m'annonce que tout cela n'avait été qu'une blague pour m'éloigner de la maison le temps de préparer je ne sais trop quelle fête qui m'aurait mise hors de moi. Mais comme il me le rappela, il n'avait jamais quitté la Réserve. Comment diable aurait-il pu connaître autant de détails ? Ma question était tellement stupide que je ne m'arrêtais même pas sur la réponse. Trop occupée par mes pensées et angoisses, je ne pris même pas le temps de demander à Jacob son avis sur le vol de la voiture. Cela n'aurait été qu'une question de principe. La tension était palpable mais j'étais bien trop inquiète pour y prêter attention.

Nous quittâmes la voiture une fois dans l'enceinte de la ville. C'était tellement différent de la fois où j'étais venue que je ne reconnus pas vraiment la cité. Mes yeux d'humaine n'avaient pas remarqué grand chose. C'était très différent maintenant que j'étais immortelle. Et nous arrivâmes...

Jake s'arrêta brutalement, l'air à la fois ahuri et mort de peur. Je m'arrêtais à mon tour, observant ce bâtiment que j'avais espéré avoir simplement imaginé. Les yeux de Jake transpercèrent mon âme tant ils hurlaient l'angoisse. J'étais tout simplement terrifiée. Toute la tension du voyage s'abattit soudainement sur moi. Je lançais un regard suppliant à Jake, espérant profondément qu'il m'annoncerait que ce n'était qu'un rêve sans contenu au final. Vain espoir. Je manquais m'écrouler au milieu de la rue tant j'étais bouleversée. Je ne posais pas la question idiote dont la réponse était évidente. « Tu en es sûr ? » Bien sûr qu'il était sûr... Sans que je ne comprenne quoi que ce soit, mes muscles se tendirent, comme si je m'apprêtais à me battre. Je m'approchais du mur du bâtiment et posais ma main dessus. J'avais été stupide de venir ici avec Jake. Les jeunes vampires étaient dominés par leurs émotions. J'avais échappé au stade de nouveau-né par je ne sais trop quel miracle. Je n'en étais pas moins susceptible de craquer face à une émotion forte. Jacob ne pourrait pas me retenir si je craquais. J'étais capable de me retenir comme personne, il suffisait de se souvenir de ma première chasse. Cependant, je n'avais jamais été soumise à une émotion aussi violente. J'ignorais si je serais assez forte pour ne pas tuer un inconnu passant par là. Je respirais le plus calmement possible, la tête basse, jusqu'à ce que la présence de Jake me revienne en mémoire. Je ne lui avais rien expliqué... Il avait certainement compris. J'avais pourtant besoin d'exprimer à voix haute tout cela, comme pour tout organiser. Sans le regarder, je me mis à débiter des paroles qui me désespéraient et ne me permettaient pas de me calmer.

- Ton rêve... Alice voit le futur. Tu es lié à Renesmée. Je crois que tu as eu une vision, un peu comme celle d'Alice. Ce bâtiment... Tu ne pouvais pas savoir. Il n'y a pas d'autres possibilités. Et on ne sait même pas à qui on a affaire...

Je faillis frapper dans le mur mais me retins, me souvenant de ma force. J'étais impuissante et je ne pouvais supporter cela. J'ignorais comment protéger mon enfant. C'était terriblement frustrant. Je voulais la serrer dans mes bras. La pensée d'être aussi loin d'elle m'arracha une grimace de douleur qu'un regard assassin vint remplacer aussitôt. J'étais profondément instable. Qui pouvait bien en vouloir à ma fille ? Cette rage et cette douleur brûlait en moi aussi fort que le brasier qui m'avait dévorée lorsque je m'étais transformée. Je serrais le poing, me concentrant sur d'autres choses telles que la présence de mon ami. Il avait toujours été là.

- Jake... Je crois que je vais craquer...

Un cri du cœur... J'essayais de toutes mes forces de ne pas céder à la panique. Je n'avais pas le droit de me laisser aller. Mais avais-je la force de résister ?

Vous avez déjà eu l'impression que votre interlocuteur n'écoutait pas votre réponse après vous avoir posé une question? Parceque moi, je viens d'avoir ce sentiment avec Bella. Elle me demande si je suis sur, ce qui est une question idiote au passage, pour finalement continuer sur sa lancée sans avoir prêté la moindre attention à ce que je venais de lui répondre! C'est vachement agréable comme sentiment... Heureusement que je suis d'humeur à compatir avec la peur et l'angoisse qui ont pris possession d'elle, sinon je pense que je l'aurais envoyé pètre plus loin! Non, mais attend! On était censé être les meilleurs amis. Ce poste me suffisait maintenant que j'étais imprégné. Mais ça ne lui plaisait pas alors elle se comportait avec moi comme quelqu'un qui allait lui voler sa fille... J'avoue avoir été désagrable en disant que maintenant que j'avais compris que si j'étais attiré par elle, s'était uniquement à cause de sa fille... Mais je ne le pensais pas. On ne peut pas oublier une amitié comme la notre en claquant des doigts. Pourtant, j'ai l'étrange sentiment que c'est ce qu'elle a fait... Peut être que je fais pareil quand elle disait que je me comportais comme si j'étais un autre Jacob... Hmmm... Voilà que j'essayais de la comprendre! Je suis pas analyste ou thérapeute moi! Bref.

Je n'avais pas pu regarder Bella bien longtemps tant le fait de voir ce batîment de mes propres yeux me surprenait. Comment avais je pus rêver de quelque chose que je n'avais jamais vu de ma vie? Avais je un don? Des rêves prémonitoires? Aucune de nos légendes ne parlent de ça! Pouah! Je ne voulais pas d'un don! Non pas que j'étais toujours ennemis avec les vampires mais cela me ferait m'approcher encore plus d'eux d"avoir un talent particulier. Puis même, pour ma propre santé, il était nécessaire que ces rêves ne soient pas constants. J'avais besoin de dormir! Je me souviens l'effet que les patrouilles avait sur ma santé. Pas bon du tout! Je ne voulais pas recommencer ça. Sauf que là, il s'agissait de Renesmée! Que pouvais je faire de plus? J'avais tout raporté à sa mère (ça fait bizarre d'utiliser ce mot pour Bella... Elle qui ne savait même pas mettre un pied devant l'autre sans se casser la figure!) et on avait décollé pour vérification des faits. Oui, il y avait ce batiment. Et alors?... J'en avais rêvé mais Nessie n'était pas avec nous à ce que je sache alors à quoi bon s'inquiéter? Pourtant c'est ce que je faisais en m'arrêtant brutalement devant ce batiment, la peur dans les yeux que je venais de communiquer à Bella. Je n'aurais pas du la regarder... Elle me rendit mon regard mais en cinq fois plus inquiète. S'était terrifiant de voir son inquiétude! Mais il n'y avait pas que ça. Elle me suppliait du regard. Que voulait elle que j'y fasse?... Merde! Ca n'était qu'un bête rêve et j'avais réussi à faire flipper tout le monde! Pas très malin...

Bella se rapprocha du batiment pour y poser sa main blanche comme le marbre dessus... Je ne savais pas quoi faire. J'étais sur le cul d'avoir rêver d'un truc qui existait vraiment et que Bella avait déjà vu. Comment j'avais fait ça?... D'ailleurs, si elle l'avait déjà vu ici, pourquoi avions nous fait le chemin jusqu'ici pour vérifier? Les vampires n'ont ils pas de mémoire?... C'est bizarre cette réaction qu'elle a eu... La voir comme ça, si abattue, me fit oublier toute la tension de notre voyage. Je n'avais qu'une seule envie en ce moment s'était d'essayer de l'aider dans sa détresse. Mais comment?... Je pouvais entendre son souffle calme et posé. Comment faisait elle?... Un truc de vampire sans doute. Moi, je m'étais calmé. Je ne savais pas trop quoi lui dire mais elle m'enleva cette corvée des bras en prenant la parole.

- Ton rêve... Alice voit le futur. Tu es lié à Renesmée. Je crois que tu as eu une vision, un peu comme celle d'Alice. Ce bâtiment... Tu ne pouvais pas savoir. Il n'y a pas d'autres possibilités. Et on ne sait même pas à qui on a affaire...

Je pense qu'elle m'avait laché ça un peu comme elles venaient. Comme elle avait pu. J'aurais donc eu une vision comme la translucide d'après elle? Pourquoi?... Bella paraissait désemparée... Mais je ne pouvais pas faire grand chose non plus et cela était le plus horrible. Surtout que j'avais assisté à la capture de Nessie plus d'une fois dans mes rêves. Et à chaque fois, je criais mais on ne m'entendait pas. J'assistais, impuissant, à son enlèvement. Bella, elle, ne pouvait que l'imaginer. Bien sur que s'était terrible d'imaginer l'enlèvement de quelqu'un de sa famille proche. Mais y assister sans pouvoir rien y faire n'étais pas encore plus horrible? Je sentis mes poings se serrer et mon coeur me fendre la poitrine tant il battait fort. Mais je devais me calmer pour soutenir Bella. Je devais soutenir ma meilleure amie. Même si elle ne me considérait plus comme le sien. S'était dur. Mais j'étais un garçon! "Boys don't cry" comme dirait The Cure! Je n'allais pas pleurer mais l'envie de frapper quelque chose ou quelqu'un me démangeait énormément. Mes pensées furent interrompues par le SOS de mon amie.

- Jake... Je crois que je vais craquer...

Je ne réfléchis pas bien longtemps (qui a dit "comme d'habitude"? Que je lui mette mon poing dans la figure!!) et vint prendre Bella contre moi. Je ne savais pas trop qu'elle allait être sa réaction et fit alors le maximum pour qu'elle le prenne bien. Je faisais ça pour la détendre. Pas pour l'embêter. Elle avait sorti cette phrase bien trop spontanément pour que ça soit du chiqué.

- Bella?... Tu sens vraiment mauvais! lui dis je en souriant une fois qu'elle eut planté ses yeux dans les miens à l'appelle de son nom.

Cette sensation d'impuissance était insupportable. J'ignore comment je fis pour ne pas devenir folle sur l'instant. Nous aurions du mener Jasper avec nous. Enfin non. Je ne voulais pas qui que ce soit me voit dans un tel état. Une terreur indicible imprégnait mes traits et noyait mon regard. Humaine, j'aurais été complètement paniquée, pleurant et tapant du pied par terre. Pleurer faisait du bien. J'en ai quelques souvenirs. À présent, je ne peux plus pleurer ni de rage, ni de chagrin, ni même de joie. Cela ne m'aidait pas à me défouler ou à me détendre. C'était horriblement frustrant. J'avais l'impression que la seule chose qui aurait pu me soulager aurait été une partie de chasse. Ou peut-être la destruction d'un immense bâtiment de pierre. Charmante façon de se défouler. Là, je me retrouvais impuissante. Et c'était inadmissible. Heureusement que Jake était là. Sans lui, je n'aurai pas tenu une seconde. Et dire j'avais envisagé de partir seule ! Heureusement que Carlisle m'avait rappelé que je n'étais pas infaillible et qu'il fallait parfois me distraire pour ne pas que je me jette sur les humains.

J'allais craquer, c'était certain. Je me sentais inutilement puissante. Je pouvais détruire des rocs mais je n'avais aucune idée de la marche à suivre pour protéger ma propre fille. J'avais peur que tous soient dans mon cas. En tout cas, l'angoisse palpable à la maison et ici aussi ne m'aidait pas à me rassurer. Nous partagions tous une même peur, accrue par le rêve de Jacob. Alors que je lui avouai ma faiblesse, il eut une réaction à laquelle je ne m'attendais absolument pas. Il s'approcha de moi et me serra dans ses bras. Son contact me brûla. Il me ramena un an auparavant, lorsqu'Edward était parti pour me protéger et que Jacob était mon soleil. Il avait toujours été là pour moi. Il m'avait aidée à réparer des motos, il m'avait appris à les conduire, il avait veillé sur moi, m'avait sauvé la vie plusieurs fois. Combien de fois m'avait-il serré dans ses bras comme ça ? J'avais la sensation qu'il m'aidait à rester entière. J'avais l'impression que sans lui, je ne pourrais plus tenir. Et cela avait été le cas. Lorsqu'il m'avait évitée pour mon bien, cela devenait maladif à force, je ne tardais pas à me déliter de nouveau. Il m'avait tellement aidée ! Aujourd'hui encore, il était là avec moi. Et il me tenait contre lui. Comment l'avais-je remercié ? En en choisissant un autre que lui — chose que je ne regrettais pas le moins du monde — et en le boudant parce qu'il s'était imprégné de ma fille. Ce que je pouvais être stupide ! Pourquoi fallait-il qu'un danger plane pour que je me rende compte que finalement tout était parfait ? J'avais ce que j'avais voulu. Jake me voyait à présent comme une amie. Il faisait en quelque sorte partie de ma famille. Il était un peu comme un frère. Et il veillait sur Nessie. Pourquoi donc étais-je jalouse que ma fille soit aussi choyée par mon meilleur ami ? Il ne pouvait rien à cela. Et cela le rendait heureux. Nessie ne se plaignait pas non plus. Elle ne cessait de réclamer sa présence. C'était un peu agaçant. Mais Jacob ne méritait pas que je le traite de la sorte, surtout après tout ce qu'il avait fait pour nous. Cela devait le rendre malheureux. J'étais comme toujours une idiote. J'espérais tout de même acquérir un peu de sagesse avec les années... Je lui rendis son étreinte, faisant un effort pour ne pas lui briser les côtes.
Il prononça mon prénom. Mon regard s'accrocha au sien. Alors il me dit : « Tu sens vraiment mauvais ! »
Oh ! Je quittais ses bras en râlant. Qu'est-ce qu'il pouvait être énervant quand il le voulait ! C'était infernal.

- Je te retourne le compliment ! Tu sens le chien mouillé!

D'abord renfrognée, je finis par rire de ce rire semblable à de petites clochettes qui me surprenait encore. Nous ne nous étions plus chamaillés ainsi depuis un bout de temps. Il avait beau être énervant et irritant, ce Jacob-là me plaisait aussi. Même si j'avais envie de l'étrangler, il restait mon Jacob. Infernal. Je ramenais mon regard vers le mur. Je soupirais. Il ne servait à rien de paniquer finalement.

- Il me semble n'avoir pas été très juste envers toi...

En disant cela, je ne parlais pas seulement du « dognapping ». Je pensais également à mon comportement indigne à son égard. J'avais laissé tombé mon meilleur ami, tout simplement. Il n'était pas du genre rancunier et m'avait toujours pardonné mes abandons et traîtrises. Cela ne me donnait pas pour autant le droit d'agir aussi cruellement avec lui.

Biensur que son contact était différent d'avant. Largement différent. Je n'aurais pas été un chauffage ambulant, je me serais gelé sur place. La, j'avais juste assez froid pour supporter l'air ambiant qui lui, était une vraie fournaise! Pourtant, l'avoir ainsi contre moi me rappellait à quel point nous étions proche tout les deux... Mais aussi à quel point cela avait changé depuis le temps. C'est fou ce qu'il peut arriver en peu de temps... Le temps nous rattrapera tous!
Ah!! Quelle horreur, je parle comme mon vieux!!
En bref, je ne comprenais toujours pas la raison de notre venue ici et avais été dans l'obligation de suivre comme un... Gentil chien. C'est fou ce que l'expression revient quand on parle de moi. Alors si en plus je commence à m'y mettre! Je n'allais pas moi aussi continuer à me casser tout seul avec des expressions de loups ou de chiens, ça allait devenir gavant à force! Enfin bon. Je faisais autant n'importe quoi qu'elle puisque j'avais été surpris mais surtout inquiet. C'est surtout ce dernier sentiment d'inquiétude que nous avions eu tout les deux que je trouvais un peu... Idiot et précipité! Même si j'avais rêvé d'un enlèvement qui se passait exactement ici, la concernée n'était pas présente alors nous n'avions pas de soucis à nous faire.

Je me devais de la détendre même si ça faisait de moi le clown de service! J'avais un côté rieur, moqueur, joueur. Tout ça faisait parti de moi sauf que j'utilisais ces principes de déconnades moins souvent depuis que j'avais appris que s'était à cause du retour des Cullen que ma modification avait eu lieu. Ouais. Un gout amer dans la bouche. Voila l'effet que ça m'avait fait. Je me sentais empli de rancoeur envers Bella qui était amoureuse de l'un d'entre eux et qui ne m'avait pas dit qu'elle était au courant de leur "race". Mais ce stade là est dépassé. Maintenant, je suis un Alpha. Même si ça arrive que Leah et Seth me pompent l'air, je suis assez fier d'avoir une meute pour moi tout seul. En même temps à trois loups, le chef compris, je ne sais pas si on peut appeller ça une "meute". Plutôt un groupe ouais. DONC! Voilà pourquoi je lui ai sorti LA phrase qu'il faut dire à la mère pour avoir la fille!!
Sa réaction fut immédiate et préméditée!

- Je te retourne le compliment ! Tu sens le chien mouillé! rala t elle en s'éloignant de mes bras alors que j'"aboyais" de rire.

Cela me manquait des fois de ne plus la voir taper du pied ou raler pour des broutilles qu'elle disait importantes! Elle garda son air colérique quelques minutes avant de joindre son rire (qui sonna étrange à mon oreille) au mien. Elle en avait mit du temps à comprendre que je me fouttais d'elle! Un peu longue à la détente à cause de tout ce stresse. Puis, elle finit par arrêter de rire tandis que mon sourire restait sur mes lèvres. Bella, elle, se tourna vers le mur de briques et soupira.
Quoi? Qu'est ce que j'avais encore fait?
Je n'eus pas le temps de réfléchir bien longtemps parcequ'elle prit la parole.

- Il me semble n'avoir pas été très juste envers toi...

Aïe! Je sentais la conversation sérieuse arriver à grand pas! Bon, au moins pour une fois j'étais d'accord avec elle... Enfin je crois? Ca dépendait de quoi elle parlait. En même temps, je ne vois pas de quoi d'autre elle pourrait parler à part le fait qu'elle me traite un peu comme... (non ça suffit avec les animaux!). Elle me traite comme un étranger voila. Comme un gars quelconque qui allait lui voler sa fille adorée une fois qu'il l'aurait épousé et qu'elle ne reverrait plus. Elle me traite comme si j'étais de ces gars là. Comme si on ne se connaissait que depuis ces quelques mois où j'ai fait tout mon possible pour les aider. Oui. Elle n'a pas été très juste envers moi ces derniers mois. Je confirme. Mais le lui dire ne serait que lui annonçer ce qu'elle sait déjà. Mais c'est bien qu'elle s'en soit rendu compte. A force.

Que devais je lui répondre? "Il était temps que tu t'en rendes comptes!" ou un "gentil": Naaaaaaaaaan! Tu crois?!. Je n'étais pas obligé d'être méchant ou ironique ou encore cinglant mais bon... Elle le méritait quand même! La réponse qui me venait à l'esprit était de faire l'ignorant... Mais je ne savais pas quelle réaction était la plus "ami". Quelle réaction Bella préfèrerait que j'adopte?
Mes mains se callèrent derrière ma nuque que je fis bouger dans une sorte d'étirement alors qu'elle craquait. Je reflechissais à ce que je pouvais bien lui dire et j'avoue que j'étais un peu géné par la situation...
Profitant de ce mouvement de ma part, qui pouvait très bien me faire paraître complètement détendu, je lui répondis.

- Tu sais j'ai l'habitude...

Ouais! La bonne solution: la faire culpabilisée en plus de son inquiétude! Elle devait avoir raison, j'étais infernal parfois. Mais bon, c'est pour ça qu'on m'aime hein? Et puis, c'est juste la vérité. J'avais l'habitude. Surtout avec elle...

Et voilà. Je regrettai mon comportement des mois précédents. C'est toujours dans ces moments-là que je me rendais compte des choses importantes. C'en devenait franchement agaçant. Je n'aurai du me préoccuper que d'une seule et unique chose : la sécurité de ma fille. Pourtant, l'étreinte de Jacob m'avait remémoré ces moments que nous avions partagés il n'y a pas si longtemps de cela. Seulement, je me demandais pourquoi il fallait que je me rende compte de mes erreurs après m'être enfoncée dans mes idioties et dans les moments difficiles ? J'étais encore trop humaine.
Cette conversation devait arriver. C'était évident. J'aimais Jake comme mon frère. Cependant, j'aimais ma fille plus que tout. J'avais moins de dix ans pour la voir grandir. J'avais paré au plus pressé. Pourtant, je m'étais montrée idiote, c'était clair. Et j'en avais conscience, maintenant que j'étais angoissée par ce rêve étrange qu'avait fait Jacob. Et je le lui avais dit. Au départ, il n'eut pas l'air très embarrassé par ma révélation. Pourtant, il prit une position qu'il voulait décontractée, mains derrière la tête, avant de prononcer ces quelques mots.

« Tu sais, j'ai l'habitude.... »

Alors celle-là... Raaaa ! Il me fit entrer dans une rage folle. Je lui avouais mon erreur. J'étais sur le point de m'en excuser et d'annoncer que je ferai des efforts pour être agir convenablement avec lui. Et quelle réponse me donnait-il ? « J'ai l'habitude ». Ce môme avait le don de me faire sortir de mes gonds. Il était tantôt Jake, mon meilleur ami, un amour, tantôt Jacob, l'infernal loup agaçant. Parfois, Leah était d'une compagnie plus agréable. Pourtant, Jacob n'avait pas tort. Je n'avais jamais été juste avec lui. Il m'avait aimée et je l'avais relégué au rôle de souffleur tandis qu'Edward était mon Roméo. J'étais furieuse.

- Jacob Black, tu es vraiment infernal. Je m'excuse et tu me culpabilises. Toi non plus tu ne sais pas te taire apparemment.

Non mais avait-il vraiment besoin de dire ça ? Lorsque quelqu'un s'excuse franchement, on n'essaie pas de la rendre encore plus coupable. Je savais que c'était de ma faute si nos relations s'étaient nettement compliquées. Il n'avait pas besoin d'en rajouter. Mais peut-être ne l'avait-il pas fait exprès. Jake n'était pas du genre à lire tout ce qui lui passait sous la main. Lorsqu'il ne savait pas quoi dire et qu'il décidait de parler quand même, les mots qui s'échappaient de sa bouche étaient maladroits. Il n'était pas maître dans l'art de la conversation. Il savait réconforter par sa présence mais ses mots étaient souvent maladroits. Ce qui m'avait agacée, c'était le fait que ses propos aient été aussi vraies. Lasse, je me calmais rapidement. J'avais toujours eu tendance à être lunatique, mais c'était pire maintenant que je pouvais réfléchir aussi rapidement. Je devais être dure à suivre parfois. Enfin je ne pouvais pas en vouloir à Jake. Tout était de ma faute.

- Mais tu as raison. Je me demande comment tu peux me supporter !

Le tout sur un ton ironique au possible. Jacob était peut-être agaçant, il n'en était pas moins mon ami j'avais le droit de le taquiner un peu.

A croire que je la connaissais comme si je l'avais faite! J'avais essayé d'être agréable mais ça n'avait pas duré. Et le fait que je lui sorte cette phrase avec nonchalence et... Lassitude bein, vous mélangez le tout et vous obtenez une Isabella Marie Swan prête à taper du pied! J'étais une plaie peut être parfois mais là était tout mon caractère. Elle m'avait parlé de cette histoire de "deux Jake"; ou plutôt de Jake et Jacob. L'un était le meilleur ami, présent quand elle en avait besoin et tout et tout, et l'autre était le loup qui pouvait l'énerver avec une seule parole, un seul geste. Celui qui avait été amoureux d'elle quoi, et qui avait tout fait pour emmerder Edward. Mais bon, en même temps, j'avais mes raisons de devenir insupportable parfois. L'adolescence est censée être la période qu'un jeune apprécie le plus. Euh... Je dois être un cas à part hein! A part l'entrée de Renesmée dans ma vie, je ne vois pas ce qu'il y a de cool la dedans. Enfin bref...

Je l'ai laissé crié toute seule, ça lui fera du bien de se défouler un peu. Avec tout le stresse qu'elle accumule, heureusement qu'elle n'est pas cardiaque! Elle est effrayée pour la moindre chose qui concerne sa fille! Ca en devient maladif quand même. Ca serait dommage que Renesmée ait, à son tour peur de tout comme sa mère quand elle sera en âge.

- Jacob Black, tu es vraiment infernal. (Je l'avais dit que j'étais infernal parfois!) Je m'excuse et tu me culpabilises. Toi non plus tu ne sais pas te taire apparemment.

Dommage, elle n'a pas continué son défouloir et s'est contenté de soupirer. Quoi? J'avais réellement réussi à la faire culpabiliser avec une phrase aussi banale que "Tu sais, j'ai l'habitude..."? Eh bein... Elle prenait vraiment au sérieux tout ce qu'on lui disait. Elle avait l'air d'en avoir ras le bol de quelque chose, mais de quoi? Mystère.

- Mais tu as raison. Je me demande comment tu peux me supporter !

J'avais compris son ton ironique mais peut être n'en pensait elle pas moins? Avec elle, on sait jamais. Je lui offrit un sourire; celui qu'on veut pour sourire Quileute, et ais fourré mes mains dans les poches arrières de mon jean.

- Je ne sais pas trop comment je fais. En plus avec l'odeur que tu dégages! C'est plutôt ça que je dirais infernal

J'aimais quand on se chariait comme ça. Ca m'avait manqué, je l'avoue. Bella m'avait manqué. Mais c'est compréhensible qu'elle s'occupe de sa famille. En plus de ça, elle doit s'occuper de moi si elle me considère enfin comme un membre de la famille et non pas un voleur d'enfant.

Plus sérieusement, je commençais à fondre ici! La température était vraiment insupportable et je suis sur que je devais presque transpiré! J'avais soif et ma gorge me faisait mal tant j'avais besoin de boire quelque chose. Je ne sais pas ce qu'on allait faire de plus ici, mais Forks et sa température ambiante à -15°C me manqué énormément!!

Ce garçon allait me rendre chèvre, c'était certain. Les loups tant qu'ils se transforment ont la vie éternelle... Il aurait donc tout le loisir de me faire tourner en bourrique ! En fait, il pourrait TOUS nous faire devenir dingues. Il avait ce don d'agacer, et en même temps, on ne pouvait pas ne pas l'aimer. Même Nessie l'aimait. Enfin tant pis... Je crois cependant qu'il ne savait pas à quel point ce qu'il disait pouvait me toucher. Pensait-il encore que j'étais une sangsue sans cœur ? Pourtant, ma transformation n'avait pas trop changé mon caractère. Ce qui m'avait fait grandir en quelque sorte, c'était la naissance de Renesmée et mon besoin maladif de la protéger plus que ma propre vie. Ma fille, mon sang. Elle était pour nous un véritable trésor. Et pourtant, même cela ne m'avait pas rendu moins impulsive. Je ne marchais pas, je courais. Droit dans le mur. Heureusement que d'autres étaient là pour me temporiser un peu. Même Jake pouvait parfois se montrer plus réfléchi que moi lorsque je n'avais pas prévu quelque chose. C'est dire ! Je vis Jacob sourire et plonger ses mains au fond de ses poches. Puis il prit la parole.

« Je ne sais pas trop comment je fais. En plus avec l'odeur que tu dégages! C'est plutôt ça que je dirais infernal »

Oh ! C'était lui qui disait ça ? L'hôpital qui se fout de la charité ! Mon odeur était parfaite. Infernal disait-il ? En attendant, moi je ne léchais pas les gens et je ne courais pas en remuant la queue. Je ne me couchais pas par terre ni ne m'ébrouais violemment en arrosant les alentours de boue ou de pluie. Qui était infernal ? Je soupirais avant de lui offrir un grand sourire, découvrant de nouveau ma dentition parfaite.

- Sois un peu plus original ! Tu deviens comme Rosalie à ressortir tout le temps les mêmes phrases !

Rose et Jake... Une grande histoire d'amour ! Enfin... Si on part du principe que « qui aime bien châtie bien », on peut se dire que c'est plus de l'amour mais de la rage ! Enfin passons. Nous avions fait ce que nous devions faire ici et des gouttes de sueurs commençaient à perler sur le front de Jacob. Il n'aurait plus manqué qu'une odeur de transpiration à l'affaire ! Il nous fallait peut-être rentrer à présent que nous avions vu ce qu'il fallait. J'aurai préféré chercher encore... Malheureusement, tout était exact. Rentrer ou profiter de l'occasion pour montrer la ville à Jake ? Autant lui demander !

- Tu veux rentrer à la niche, Jake, ou bien veux-tu que je te montre l'antre de tes pires ennemis ?

Le pauvre n'avait pas beaucoup eu le choix, et quitte à être ici, nous pouvions bien perdre quelques minutes à « visiter ». En réalité, j'étais surtout un peu curieuse de voir ce qu'étais devenue la tanière des Volturi. Peut-être y verrions-nous les nomades bizarres qui étaient venus nous aider à lutter contre les trois italiens !

- Sois un peu plus original! Tu deviens comme Rosalie à ressortir tout le temps les mêmes phrases!

Ho! Voilà que Mme Cullen faisait des coups bas maintenant. C'est nouveau ça, ça vient de sortir. Je ne savais pas Bella capable de ce genre de phrase. J'aurais pu être blessé si je ne lui avait pas de suite décoché un regard noir.
M'en fous. Je mettais mon manque de réparti sur le compte de la chaleur. Elle elle s'en foutait! Elle était une sangsue! Moi, j'avais une température supérieure à la moyenne et j'habitais à Forks bien avant elle! Je suis un pur aimant de la pluie et des temps frais avec du vent et de la grêle quand il pleut. J'suis pas un partisan du soleil qui cogne, des gouttes de sueur et de la transpiration. Là, j'aurais pu faire cuir en œuf avec mon torse!! Qui veut un œuf à la Jake? Et elle, elle se plaisait à me charrier... Me comparer à Blondie! Beurk. Rien que de penser à elle, j'en avais des grimaces. D'ailleurs, je devais me renouveler en blague sur les blondes parce que à force, je devenais à court et si il y a bien quelque chose de pas marrant c'est de se faire remballer par une sangsue. Blonde qui plus est! ET qui faisait tout pour m'emmerder dès qu'elle en avait l'occasion.
Une moue se dessina sur mes lèvres alors que mes bras se croisèrent. Comme ça, elle serait fière de sa répartie... Je ne tapais pas du pied par terre moi au moins Puis moi, j'étais un môme. J'assumais cette partie là. Mais j'étais aussi un Alpha. Un chef de meute. Elle, elle était une catastrophe ambulante qui attirait la poisse comme un aimant était attiré par le métal. Qui s'est qui la sortait de ces propres conneries?! Et ouais, moi.

- J'ai pas foncé la tête la première en Italie pour un rêve idiot! Puis on crêve ici!! Tu m'as même pas laissé le temps de prendre de quoi boire ou manger!!

Un gaillard comme moi DEVAIT manger. Les plats italiens, je sais pas ce que ça vaut moi!
Je sentais mon ventre gargouiller silencieusement- encore heureux parce que j'aurais certainement eut une autre remarque sur le bruit- et ma gorge me brûlait d'avantage. Soif et faim. La totale. Et en plus, chaud. J'aimais pas l'Italie. Du moins, je n'en garderais pas un bon souvenir...
Ne pouvant supporter la chaleur une seconde de plus, j'ai retiré mon t shirt. Si il y avait eu une fontaine dans les parages ou ce genre de chose, je l'aurais certainement trempé dedans pour le renfiler et enfin retrouver un semblant de la température de Forks.
J'ai baladé mon regard un peu partout pour essayer d'en repérer une alors que Bella me parlait.

- Tu veux rentrer à la niche, Jake, -allé encore une pique gratuite!- ou bien veux-tu que je te montre l'antre de tes pires ennemis?
- J'ferais pas un pas de plus sans avoir manger quelque chose...

Je lui sors ça sans la regarder, scrutant toujours les environs à la recherche d'une fontaine. J'avais tellement envie d'une petite averse!!

Alors là, il a tendu le bâton pour se faire battre. Mais du coup, j'ai l'impression qu'il boude. Oh la la ! Quel sale gosse celui-là ! Non mais je vous jure ! Il est chef de meute, et c'est un véritable môme. Il m'agace ! Personnellement, j'ai grandi d'un coup avec la naissance de Renesmée et ma transformation. Faire partie de la famille Cullen c'est déjà pas le truc le plus tranquille du monde. Devenir mère, c'est encore moins aisé. Ajoutez à cela le fait de devenir vampire et vous aurez un cocktail totalement explosif. Parfois je disjoncte un peu, et c'est retour à la Bella casse-pied. Hé ! On peut pas tout avoir hein !

« - J'ai pas foncé la tête la première en Italie pour un rêve idiot! Puis on crêve ici!! Tu m'as même pas laissé le temps de prendre de quoi boire ou manger!! »

Ben voyons ! Une lueur féroce passe à travers mes yeux. Je lui rappellerai plus tard qu'il est venu me parler... et qu'il savait parfaitement que je réagirai ! Un rêve idiot ? Il parle de ma fille là ! Ce rêve, il avait pour cible MON bébé ! MON enfant ! Ce n'est pas un rêve idiot ! C'est un rêve trop réaliste pour n'être qu'un simple rêve ! Merde ! Il s'en fout ou quoi ? Putain c'est de la vie de mon bébé qu'il est question ! Ma fille ! Mon enfant ! Mon bébé. Merde.
...
Je me calme rapidement. Jacob n'est pas mon ennemi. Il est mon meilleur ami, celui sur qui je peux compter en toutes circonstances. Il faut que je me mette à sa place. Je n'ai pas pensé à lui lorsque j'ai foncé ici. J'ai simplement pensé à Nessie. Il n'a rien avalé, hormis sa salive, depuis des heures et des heures. Je suis loin de la perfection d'Edward... Lui au moins songeait à me faire manger ! Jake est un estomac sur pattes. Et il a apparemment très chaud. Je ris lorsqu'il enlève son tee-shirt. L'ado déginguandé a décidément bien changé ! Et lorsque je lui propose d'aller visiter l'antre des Volturi, voilà sa réponse.

« J'ferais pas un pas de plus sans avoir manger quelque chose... »

Quelle tête de mule ! Je ne peux pas m'empêcher de sourire. Son regard cherche je ne sais trop quoi. Sûrement un restau'. OK, il va falloir aller manger quelque part. Je soupire.

- Si tu veux manger, il va falloir marcher ! Volterra est peut-être une ville de vampire à la base, il n'en reste pas moins qu'il n'y aucune chance que tu vois un restau' ouvrir à la place de ce vieil immeuble miteux dans les cinq prochaines minutes !

Je souris. Le restaurant le plus proche si mes souvenirs sont bons se trouvent de l'autre côté de la place ensoleillée, que bien je ne peux pas traverser. Je dirige Jake vers la place et lui indique la rue d'en face.

- Traverse la place pour rejoindre le restau. Et profites-en pour te rafraîchir un peu à la fontaine ! Je t'attendrai devant l'établissement. À l'ombre bien sûr.

Cela dit, je file comme l'éclair rejoindre le lieu de rendez-vous en faisant le tour de la grande place. La vitesse, c'est bien pratique !

Des grimaces et des sourires, Jake est vraiment un garçon lunatique quand il le veut ! Mais c'est pas grave, ça réduit le fossé qui s'est creusé entre le lui le Modificateur et moi la vampire. Et c'est d'ailleurs assez drôle lorsque j'y repense. J'ai encore un peu de mon humanité et lui de son innocence d'adolescent impulsif. Qui plus est, on s'est toujours engueulé. C'est pas nouveau, et tant que ça reste gentillet, il n'y a pas de raison de vraiment se plaindre ! Que serait en plus la vie si je n'avais personne avec qui me chamailler ? Parce qu'avec ma famille, les petites disputes ne sont pas légions. Il faut bien que je puisse taquiner quelqu'un ! Enfin passons. Je fais le tour de la ville par les remparts, tout comme Alice l'avait fait lorsque nous étions venues toutes deux sauver mon idiot de mari. Telle une ombre dans les ruelles, je file rapidement. Il n'y a pas grand monde à Volterra lorsqu'il fait aussi chaud. Les gens préfèrent rester dans leurs appartements climatisés. Qui plus est, je suis bien trop rapide pour qu'ils puissent distinguer autre chose qu'un courant d'air. En quelques secondes, j'arrive à mon but, un petit restaurant, italien bien entendu, situé en périphérie de la grande place. Je vois Jacob avancer avec une lenteur exaspérante jusqu'à la fontaine. Le temps qu'il trempe son tee-shirt dedans, je choisis une table, sous un parasol, et m'y installe. Jake remet son tee-shirt et arrive enfin vers moi. Je lui souris lorsqu'il s'installe en face de moi. Son teint hâlé contraste étrangement avec la pâleur de ma peau. Je n'avais jamais vraiment fait attention.

« - Eh! Ça donne quoi la bouffe italienne? Puis... Tu m'expliques comment on va se faire comprendre pour commander quelque chose? A moins que tu ne m'ai caché que tu parlais Italien? »

Et c'est reparti. La bouffe italienne, tout le monde la connaît plus ou moins. À vrai dire, je me rends compte que je n'ai jamais mangé en Italie. En arrivant avec Alice, nous avions eu d'autres chats à fouetter et lorsque nous avons retrouvé Edward, nous étions bien trop pressés de partir d'ici pour prendre le temps de se faire une bouffe.Je fixe Jacob et me rends compte que son regard est vague.

- Détends-toi Jake. Il est commun de dire que la bouffe italienne est la meilleure après la bouffe française. Donc ça doit être bon ! Et pour se faire comprendre, ne t'en fais pas. J'ai eu du temps à tuer pendant que tu roupillais. Je connais les bases. Alors respire !
Bonjurno !

Le dernier mot bien sûr n'est pas destiné à Jacob mais au serveur qui se dirige vers nous avec son carnet et ses cartes. Il nous salue et nous tend à chacun une carte. Je saisis délicatement la mienne en prenant soin de ne surtout pas toucher la main du serveur. Je jette un rapide coup d'oeil aux plats proposés et opte pour un plat de tagliatelles fraîches sauce basilic. Je ne le prends pas pour le goûter, je le prends juste pour ne pas attirer l'attention. Et puis je pourrais dire que j'ai mangé en Italie ! Sans oublier que je ne sais pas si Jake aurait été à l'aise que je le regarde manger.
Je lance un regard enjôleur au serveur et lui sourit avant de commander pour moi.

- Tagliatelle fresche salsa di basilico, per favore. Et toi Jake, tu prends quoi ?

Je ramène mon attention sur mon loup préféré, toujours en train de réfléchir. Comprendre le nom des plats sur la carte n'est pas très difficile; On reconnaît les mots que l'on utilise, c'est assez simple en fait. Je lui propose de l'aide ou je le laisse faire ? Bah au pire, il me demandera !

Et vas-y que je grimace. Et vas-y que je ronchonne. Ce môme n'est jamais content. Il est grincheux et ronchonne tout le temps ! Si Edward était là, je suis sûre qu'il serait plié en quatre à force de rire. Quoique peut-être pas en fait. Il s'agace facilement des comportements puérils de Jacob. Mais qu'est-ce que j'aimerai à cette heure-ci pouvoir lire dans l'esprit de Jake ! À mon avis, ce serait vraiment marrant. Ce serait le truc le plus poilant que je n'aie jamais fait ! Vu son regard, noir cela va sans dire, ça doit être vraiment délirant d'être dans sa tête ! J'essaie de me retenir de rire, mais avouez que c'est drôle ! Si je n'éclate pas littéralement de rire, c'est parce que je ne suis pas sûre qu'il apprécierait tout d'abord, et qu'ensuite j'ai un rire assez insolite. Je suis censée rester me faire le plus discrète possible. Mon rire sonne comme des dizaines de petits grelots. Les seuls êtres possédant une telle caractéristiques sont les miens. Volterra était quand même un repère de vampire ! J'apprécierai de ne pas me retrouver dans la ligne de mire d'un chasseur de vampire ! Surtout que je ne sais rien sur eux.
J'observe Jake du coin de l'œil. Il n'a pas l'air très calé en italien ! Si cette espèce de tête de mule allait en cours au lieu de faire d'inutiles rondes autour de la maison, il n'en serait pas là ! OK il n'aurait pas appris à parler de viande, mais il aurait au moins pu se débrouiller pour tenir une conversation de base. Bon. Passons. Jake soupire. Je souris gentiment. Je ne lui propose toutefois pas mon aide. Vu son état d'esprit, il m'enverrait balader aussi sec et je suis bien trop sur les nerfs pour supporter une dispute. Qui plus est, il peut être sacrément méchant quand il le veut... Je me souviens encore de ce qu'il m'avait dit lorsque j'avais évoqué l'idée de devenir à mon tour une Cullen...

« Tu crois réellement que je comprends un traitre mot de ce qu'il y a écrit la dessus?... Je prends comme toi, de toute façon, je mangerais n'importe quoi... »

Et voilà qu'il ressort son sale caractère. D'un côté, il doit être affamé. Il mange déjà beaucoup lorsqu'il prend quatre repas par jour (je compte le goûter !). Alors après toutes ces émotions, il doit mourir de faim. Tout le monde sait qu'un homme affamé c'est aussi redoutable qu'une femme qui a ses règles ! Au moins, je suis sûre qu'il ne parle pas un mot d'italien. Je lui souris encore. Prendre comme moi ? Je ne suis pas sûre que cela lui suffise... Mais c'est comme il veut après tout.

« Un bon morceau de viande saignante ne serait pas du luxe! »

Cette fois-ci je ris doucement. Sa moue boudeuse m'attendrit un peu il faut l'avouer. Oh ! Je crois que devenir Maman me rend gaga ! D'un côté, Jake est mon meilleur ami, un peu comme mon frère même. Normal que je le trouve attachant ce diable ! Je lance un regard enjôleur au serveur qui ne m'a pas lâché du regard depuis qu'il m'a vue. Je lui souris, jouant de mes dons de vampire. Je lui fais signe d'approcher. Il s'exécute, se baissant pour que son visage soit au niveau du mien. Alors, je lui murmure à l'oreille que Jake prendra le plat le plus copieux contenant de la viande. Cela dit, je glisse un billet dans la main du serveur. Celui-ci se redresse, interdit, tandis que je ramène mon attention vers Jake. Le regard moqueur, j'observe mon ami. Je sens qu'il va désapprouvé, mais je n'y peux rien !

- J'ai demandé le plat le plus consistant qui contienne de la viande. Ça va aller ? Au fait, tu peux te rapprocher de moi si tu as chaud. Je te rappelle que je suis un réfrigérateur ambulant !

Je lui adresse un clin d'œil. Je le vois lentement se liquéfier. C'est hallucinant le nombre de minuscules gouttes de sueurs qui perlent sur sa peau !

Jake se tortille dans tous les sens. Il n'a vraiment pas l'air à l'aise ! C'est dingue ! Je me demande pourquoi est-ce qu'il a la bougeotte. Si c'est la chaleur qui l'énerve, il devrait cesser de gesticuler, il aurait beaucoup moins chaud. Après, peut-être qu'il y a une odeur qui le dérange. L'odeur des Volturi doit encore être omniprésente. Enfin passons. Je lui propose donc de s'approcher de moi pour profiter de ma fraicheur corporelle et bizarrement, il accepte ! Son ton ne va pas trop avec ce qu'il dit. Mon odeur l e révulse je le sais. Et pourtant, il vient d'accepter de se coller à moi et joint le geste à la parole. Il prend sa chaise et la déplace, ainsi que ses couverts pour venir se placer tout près de moi, après bien sûr avoir passé deux minutes à sourire bêtement. C'est dans ces cas-là que j'aimerai échanger mon pouvoir contre celui d'Edward. Au moins, je saurai ce que signifient tous ses sourires bizarres.

- Je ne pensais pas que tu accepterais !

Cela dit je pouffe de rire avant de poser une main sur son dos. Pfiou ! Il est brûlant ! Lorsque j'étais humaine, je trouvais déjà qu'il était chaud. Mais maintenant que nos températures sont aux antipodes, c'est comme s'il « brûlait » légèrement ma peau. C'est pas désagréable en fait. Il n'est pas beaucoup plus chaud que Nessie d'un côté. Mais quand même... Pauvre Jake ! Dans quoi l'ai-je encore mené ? Pour l'heure, je vais m'abstenir de le taquiner. C'est amusant de le voir réagir au quart de tour, mais à force, il va m'en vouloir ! Surtout que c'est de ma faute s'il a les crocs !
Il patiente, ou plutôt s'impatiente. Moi, je n'ai ni faim ni chaud, alors peu m'importe le temps que met le serveur à amener nos plats. En revanche, mon pauvre loup affamé n'est pas d'humeur à philosopher. Je cherche un sujet de conversation qui ne puisse pas prêter à controverse pour lui changer les idées, autant dire que c'est compliqué ! Surtout qu'il n'a jamais été aussi cran depuis que je le connais. C'est dingue !
Avant que je n'ai eu le temps de trouver mon sujet, le serveur arrive et dépose adroitement deux assiettes sous cloche devant nous. Il fixe quelques instants Jake qui s'est mis près de moi avant de soulever les cloches de métal. Face à moi, une entrecôte géante et des frites. Face à Jake, un plat de pâtes. J'éclate de rire sous le regard ébloui du serveur et noir du Quileute. Décidément, l'Italie c'est pas son truc !
Comme le serveur ne semble pas se rendre compte de son erreur, je prends les choses en main et inverse les plats sans faire le moindre bruit. Si j'avais encore été humaine, je me serai tâchée en renversant les assiettes ! Immédiatement, le serveur se confond en excuses. Je lui adresse un sourire qui le fait taire. Une fois qu'il a cessé de s'excuser, je le remercie et il s'éloigne, sans me lâcher du regard, jusqu'à ce que son patron le réprimande.

- Tu as failli être condamné à manger des pâtes au basilic ! Enfin bon... ça aurait pu être pire ! Si on était en Angleterre, tu aurais eu droit à une côte d'agneau anorexique avec sa sauce à la menthe, accompagnée de petits pois à la menthe et pour finir, tu aurais eu le droit à la traditionnelle et immonde gelée anglaise goût menthe ! Sur ce, bon appétit !

Au moins, en s'imaginant les horreurs qu'il aurait été forcé de manger en Angleterre, il ne risque pas de se plaindre de son plat de frites ! Je saisis délicatement la carafe d'eau fraîche laissée par le serveur sur la table et remplis le verre de Jacob. Il doit avoir soif avec cette chaleur ! Et si ce n'est pas le cas, il sera vite assoiffé avec tout ce qu'il va manger. Mon regard se fait tendre, presque maternel. Je lui en fais voir de toutes les couleurs...

« Tu vois que tu ne me connais pas tant que ça! »

Il sourit en me balançant ça. Mais quelle petite peste ! D'un côté, il a raison. Je le connais, certes, mais pas aussi bien que j'aimerai. Il y a le Jacob prêt à tout, lui je le connais comme ma poche. Mais il y a aussi le Jacob borné... et celui là, il a un caractère impossible à cerner et difficile à supporter. J'espère qu'il n'apprendra pas à Nessie à être lunatique ! Son sourire disparaît lorsque ma main se pose au milieu de son dos même s'il semble moins souffrir de la chaleur. C'est dans ses gênes... Mon contact lui déplaît d'instinct. Nous sommes censés être ennemis, alors il ne faut pas s'attendre à ce que demain nous sentions la rose l'un pour l'autre ! De toute manière, nous nous y ferons. J'en suis persuadée. Carlisle en est le parfait exemple. Il arrive à supporter l'odeur du sang et est tout à fait amical avec les Quileutes. Comme quoi il ne faut pas désespérer ! Je me demande quand même si Rosalie et Jake parviendront à s'entendre un jour... ça, ce serait un miracle !
En tout cas, j'adore la tête qu'il tire lorsqu'il se rend compte de l'erreur du serveur. En rentrant, j'investirai dans un appareil photo numérique, histoire d'immortaliser les moments comme ceux-là.

« Ouais bon appétit. C'est clair que ça a intérêt d'être bon! »

J'éclate de rire. Jamais il ne s'arrête de râler celui-là ? Je l'observe couper un bout de viande grand comme trois bouchées et l'enfourner dans sa bouche. Un sourire de satisfaction illumine son visage. Et bien ! Il y a du progrès ! Il engloutit le contenu de son assiette à une vitesse hallucinante tandis que je me force à manger la moitié de ma salade. Il faut également que je demande une autre carafe d'eau au serveur. Ce môme est un véritable trou noir ! Alors qu'il vient de s'enfiler une immense pièce de viande, il n'a pas l'air repu. J'ai beau savoir qu'il mange comme quatre, je ne peux pas m'empêcher d'être épatée à chaque fois.
Lorsque son assiette est entièrement vide, je ne lui demande pas s'il a suffisamment mangé. Il me suffit qu'il soit moins désagréable pour savoir qu'il tiendra le coup jusqu'à Forks. J'interpelle le serveur pour demander l'addition. Il s'empresse de me l'apporter. Je règle en espèce et laisse un pourboire assez important au serveur. Jake et moi nous levons. Finalement, il serait préférable de ne pas aller au château. C'est trop risqué après ce qu'il s'est passé là-bas. Qui plus est, je ne suis pas sûre d'avoir le courage de supporter un Jake rendu irascible par la chaleur étouffante ! Il va quand même falloir qu'il grandisse un peu ! Bref.

- Laisse tomber le château Jake. On va rentrer sinon tout le monde va s'inquiéter et tu vas finir par fondre. On fait comme toute à l'heure, d'accord ? Je fais le tour et tu traverses la place. À de suite !

Une fois de plus, je disparais rapidement et vais l'attendre sur le parking, là où la voiture volée est garée. Comme à l'aller, je roule vite. Je laisse la voiture à proximité de l'aéroport pour que son propriétaire la retrouve facilement, si toutefois il ne s'était pas encore rendu compte de sa disparition. Nous attendons une petite heure à l'aéroport, bavardant un peu. Jake semble fatigué. Puis nous embarquons sur le vol numéro 445 à destination de Seattle, au grand soulagement de mon ami Indien.